L’augmentation rapide des cancers du poumon et du pancréas chez les femmes est une tendance préoccupante. Alors que les traitements conventionnels peinent à enrayer ces cancers souvent observés tardivement, la recherche se tourne vers des solutions innovantes. Parmi elles, la phycocyanine, un pigment extrait de la spiruline, apparaît comme une alternative prometteuse grâce à ses puissantes propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Son potentiel pour freiner la prolifération tumorale et renforcer le système immunitaire en fait une piste intéressante pour améliorer les stratégies de traitement existantes.
L’augmentation des cancers du poumon et du pancréas chez les femmes est une tendance préoccupante. Entre 2010 et 2023, l’incidence du cancer du poumon chez les femmes a augmenté de 4,3 % par an, atteignant 19 339 cas en 2023. Cette augmentation est principalement caractérisée par une augmentation du tabagisme chez les femmes à partir des années 1970, les effets de cette consommation apparaissent souvent après plusieurs décennies. Le cancer du poumon est maintenant la deuxième cause de mortalité par cancer chez les femmes après le cancer du sein
Le cancer du pancréas, bien qu’il soit moins courant que celui du poumon, progresse de manière inquiétante chez les femmes. Entre 2010 et 2023, son incidence a augmenté de 2,3 % par an, atteignant 8 323 nouveaux cas en 2023. C’est un cancer particulièrement agressif, avec un taux de survie à cinq ans de seulement 11 %, ce qui en fait l’un des cancers les plus mortels.
Les facteurs de risque de ce cancer incluent le tabagisme, l’obésité, une mauvaise alimentation, ainsi que des prédispositions génétiques. Les progrès en matière de dépistage restent limités, car le cancer du pancréas est souvent mesuré à un stade avancé, rendant les traitements moins efficaces. La complexité de ce cancer réside dans sa résistance aux traitements actuels et dans l’absence de symptômes clairs à ses débuts
Les cancers du poumon et du pancréas sont caractérisés par des phénomènes biologiques complexes. Plusieurs mécanismes sont en jeu dans la progression de ces cancers, notamment :
L’inflammation chronique et le stress oxydatif : Les inflammations persistantes, souvent provoquées par des facteurs comme le tabagisme ou l’obésité, contribuent à un environnement propice à la prolifération des cellules cancéreuses. Ces inflammations augmentent la production de radicaux libres, générant un stress oxydatif qui endommage l’ADN et favorise la mutation des cellules saines en cellules cancéreuses.
La résistance à l’apoptose (mort cellulaire programmée) : Normalement, les cellules endommagées ou anormales subissent un processus appelé « apoptose » qui détruit ces cellules avant qu’elles ne deviennent problématiques. Cependant, dans les cancers du poumon et du pancréas, les cellules cancéreuses ont développé des résistances à ce mécanisme, leur permettant de se multiplier de manière incontrôlée.
La croissance tumorale et angiogenèse : Les tumeurs cancéreuses stimulent également la formation de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse) pour recevoir plus de nutriments et croître. Ces processus sont alimentés par des facteurs de croissance que les cellules cancéreuses produisent elles-mêmes ou qu’elles activent dans leur environnement.
La phycocyanine c’est quoi ?
La phycocyanine est un pigment bleu-vert présent dans les algues, particulièrement dans la spiruline qui en contient entre 10 et 20 %. Sa structure est complexe, composée de deux éléments principaux : la phycocyanobiline (un pigment responsable de sa couleur bleue) et une apoprotéine avec deux sous-unités (α et β). Ce pigment joue un rôle clé dans la photosynthèse des cyanobactéries, en absorbant efficacement la lumière pour la convertir en énergie. Sa capacité d’absorption lumineuse est dix fois supérieure à celle de la chlorophylle, ce qui en fait un agent puissant dans la production.
Longtemps utilisée comme colorant naturel dans l’industrie alimentaire, la phycocyanine est aujourd’hui étudiée pour ses propriétés bénéfiques en santé. Elle présente un fort potentiel dans la recherche scientifique, avec des applications prometteuses en dehors de son rôle de simple colorant.
L’effet antioxydant de la phycocyanine
La phycocyanine se distingue par son puissant pouvoir antioxydant, grâce à sa capacité à neutraliser les espèces réactives de l’oxygène (ERO), des molécules qui peuvent endommager l’ADN, les protéines et les lipides. Le stress oxydatif, causé par un excès d’ERO par rapport aux mécanismes de défense de l’organisme, est lié au vieillissement cellulaire et à plusieurs maladies comme les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives.
La phycocyanine, via son apoprotéine, capture les radicaux hydroxyles, les plus agressifs, et agit en donnant des électrons aux radicaux libres, les rendant moins nocifs. Ce mécanisme contribue à protéger les cellules contre les dommages oxydatifs. En outre, des études montrent que la phycocyanine pourrait protéger les neurones en particulier le stress oxydatif dans le cerveau.
Enfin, les formes liquides concentrées de phycocyanine sont considérées comme jusqu’à cinquante fois plus efficaces que les formes sèches dans leur activité antioxydante. Cela est dû à leur meilleure biodisponibilité et à une plus grande stabilité des composés actifs, ce qui leur permet de neutraliser plus efficacement les radicaux libres. Les liquides permettent également une absorption plus rapide par l’organisme, maximisant ainsi les effets bénéfiques de la phycocyanine pour lutter contre le stress oxydatif.
L’effet anti-inflamatoire de la phycocyanine
La phycocyanine exerce un effet anti-inflammatoire naturel grâce à son action sélective sur l’enzyme COX-2, qui est responsable de la production de prostaglandines inflammatoires. Contrairement aux anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) classiques, qui inhibent à la fois COX-1 et COX-2, entraînant des effets indésirables comme des ulcères gastriques, la phycocyanine cible uniquement COX-2. Cette sélectivité permet à COX-1 de maintenir ses fonctions protectrices, comme la protection de la muqueuse gastrique.
De plus, grâce à sa forte capacité antioxydante, la phycocyanine aide à réduire le stress oxydatif, qui alimente la réponse inflammatoire en stimulant la production de cytokines pro-inflammatoires. Cela la rend particulièrement utile pour soulager les inflammations chroniques associées à des maladies comme l’arthrite ou les affections cardiovasculaires. Des études ont montré que chez les patients diabétiques, la phycocyanine contribue à améliorer les marqueurs inflammatoires, la sensibilité à l’insuline et le taux de triglycérides.
La phycocyanine, une alliée contre la prolifération tumorale
Action sur le cycle cellulaire
Le cycle cellulaire est le processus par lequel une cellule se divise et se multiplie. Il est étroitement régulé pour assurer une réplication précise de l’ADN et une division cellulaire appropriée. Dans le cas des cellules cancéreuses, ce cycle est souvent perturbé, entraînant une prolifération incontrôlée. Des études préliminaires ont montré que la phycocyanine peut interférer spécifiquement avec le cycle cellulaire des cellules tumorales en ciblant certains points clés du processus. Par exemple, elle peut bloquer l’entrée des cellules tumorales dans la phase de réplication, notamment leur capacité à se diviser et à proliférer. Cette approche est prometteuse dans la lutte contre le cancer
Cependant, il est essentiel de souligner que la phycocyanine seule ne peut être considérée comme un traitement complet du cancer. Cette maladie reste complexe et multifactorielle, nécessitant souvent une approche multidisciplinaire incluant diverses modalités thérapeutiques. La phycocyanine pourrait donc être envisagée comme un complément aux traitements conventionnels tels que la chimiothérapie, la radiothérapie ou la chirurgie.
Action sur l’apoptose
La phycocyanine a également été étudiée pour son rôle dans la promotion de l’apoptose, un processus naturel de mort cellulaire programmé qui permet d’éliminer les cellules endommagées ou anormales. Selon certaines études, la sous-unité β de l’apoprotéine de la phycocyanine joue un rôle crucial dans l’induction de l’apoptose des cellules endommagées en agissant sur deux mécanismes :
Premièrement, la phycocyanine altère l’intégrité membranaire des cellules endommagées, ce qui compromet leur fonctionnalité et leur survie. Cette altération perturbe des processus essentiels comme le transport des nutriments et l’équilibre ionique, entraînant ainsi la mort cellulaire.
Deuxièmement, la phycocyanine stimule les enzymes pro-apoptotiques, favorisant l’activation des voies de signalisation intracellulaires menant à l’apoptose. « Le lien entre le régulateur moléculaire de la mort cellulaire (les caspases) et le mécanisme d’expulsion reste cependant mal connu. Des chercheurs de l’Institut Pasteur de Paris, du CNRS, de l’Université Paris Cité et de Sorbonne Université ont découvert un nouvel acteur central de ce processus, basé sur le démantèlement de fibres longues appelées microtubules par les caspases. Ces travaux ont été publiés dans Nature Communications en juin 2022 »
Action directe sur la croissance des tissus tumoraux
De nombreuses études ont mis en évidence un lien entre l’enzyme pro-inflammatoire COX-2 et la croissance, la migration et la propagation des tissus tumoraux. COX-2 est souvent surexprimée dans les cellules cancéreuses, jouant un rôle clé dans la promotion de l’inflammation locale et de la progression tumorale. En inhibant spécifiquement l’activité de COX-2, la phycocyanine contribue à réguler les processus inflammatoires associés à la propagation du cancer.
Un soutien immunitaire
La phycocyanine a également démontré sa capacité à augmenter la production de cellules souches dans la moelle osseuse, qui sont à l’origine des futurs lymphocytes, notamment les lymphocytes B, T et les cellules natural killer (NK). Cette propriété est essentielle pour renforcer le système immunitaire. De nombreuses études ont montré que la supplémentation en phycocyanine peut influencer positivement certains marqueurs de l’immunité.
En stimulant la production de ces cellules immunitaires, la phycocyanine améliore l’efficacité des réponses immunitaires innées et acquises. Les réponses immunitaires innées constituent la première ligne de défense de l’organisme, fournissant une réponse immédiate contre les infections, tandis que les réponses acquises, spécifiques à un antigène, se développent au fil du temps.
Références :
Europe 1 – 26/9/2024- https://www.europe1.fr/emissions/Europe-1-Soir
Jemal A., Miller KD, Ma J., Siegel RL, Fedewa SA, Islami F., et al – « Higher lung cancer incidence in young women than young men in the United States » – Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre) -2018 https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1715907
Siegel RL, Miller KD, Fuchs HE, Jemal A. « Cancer Statistics, 2023. » https://acsjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.3322/caac.21763
Institut Pasteur : « Comment les molécules impliquées dans la mort cellulaire expulsent les cellules de nos cellules ». Le Journal de la Recherche : 11/7/2022 https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/comment-molecules-impliquees-mort-cellulaire-expulsent-cellules-nos-tissus
“Antioxidant and anti-Inflammatory activity of combined Phycocyanin and palmitoylethanolamide in human lung and prostate epithelial cells” – Department of oncology, University of Torino – Loredana Bergandi; Giulia Apprato; Francesca Silvagno – https://www.mdpi.com/2076-3921/11/2/201
“Phycocyanin from Arthrospira platensis as potential anti-cancer drug: eeview of In Vitro and In Vivo studies” – 2021 – Steffen Braune; Anne Krüger-Genge – Sarah Kammener – Friedrich Jung; Jan-Heiner Küpper – Institute of Biotechnology, Molecular Cell Biology, Brandenburg University of Technology Cottbus-Senftenberg – Germany https://www.mdpi.com/2075-1729/11/2/91